Pour le troisième événement de son cycle “Racontez-nous”, La Fabrique de la Danse a souhaité inviter Aude Michon, fondatrice d’Elles dansent, accompagnée de sa complice Nathalie André. Les intervenantes nous ont exposé leur projet de danse mise au service des personnes touchées par le cancer pour les accompagner au quotidien sur la voie de leur guérison.

Le principe de ce rendez-vous trimestriel est de proposer à un·e chorégraphe de partager les coulisses du montage de projet chorégraphique à impact de son choix en compagnie de son·a partenaire.

Présentation des intervenantes

Aude Michon est danseuse, professeure de danse et chorégraphe. Issue de la danse classique, elle se rapproche progressivement des danses afro-caribéennes et notamment la salsa.

La danse c’est mon chemin de vie, elle m’a donné autant des ressources que des challenges et dans mes grandes phases de vulnérabilité, c’est elle qui m’a toujours maintenu la tête hors de l’eau” explique-t-elle.

Après un diplôme en sciences humaines et sociales et une expérience dans le domaine associatif, Nathalie André intègre le monde hospitalier afin d’ouvrir la Maison d’Information d’écoute et d’accompagnement pour des personnes atteintes de cancer en Santé, une structure de soutien et d’accompagnement pour les femmes et les hommes touché·es par le cancer à l’hôpital Saint-Louis.

La genèse d’Elles dansent

Aude M. crée un festival qui met à l’honneur l’expression et la créativité au féminin. Mais elle veut aller plus loin et mettre en place un projet solidaire pour des femmes en situation de vulnérabilité, sans distinction, pour créer un accompagnement par la danse. Puis, c’est vers la cancérologie que les portes s’ouvrent alors qu’elle n’y connaissait rien. “C’est l’écoute et l’échange qui m’aident à comprendre” affirme-t-elle.

Le Studio Harmonic lui met une salle à disposition pour qu’elle fasse un cours de salsa pour les femmes atteintes de cancer et “en trois mois on a 20 femmes qui viennent dans ce cours toutes les semaines”.

Très rapidement, elle se dit que la danse ne se limite pas à apprendre une danse dans une salle. “Ma démarche j’ai besoin qu’elle aille plus loin” affirme-t-elle. Et puis, l’une des participantes du cours lui suggère d’aller dans les hôpitaux pour apporter cette culture des danses afro-caribéennes. Elle désire également mettre en place une démarche plus artistique par l’élaboration d’une courte chorégraphie. 

La rencontre entre Aude M. et Nathalie André

En 2016, Aude M. rencontre Nathalie André à l’Hôpital Saint-Louis. Celles-ci veulent instaurer des cours de salsa auprès de femmes atteintes de cancer. “Comment investir leur mobilité, leur souplesse, leur rythme ?” se questionnent-elles. Leur objectif est clair : apporter un accompagnement pour un mieux être à l’intention des personnes atteintes par le cancer. Elles ont pour ambition d’apporter un accompagnement régulier de l’annonce jusqu’à la guérison du/de la patient·e. 

“L’hôpital est une bonne démarche car il n’existe pas grand chose hormis la pratique physique adaptée. C’est l’occasion de créer la danse adaptée” expliquent-elles. “La danse a permis de donner une autre dimension au corps” ajoute Nathalie André.

Pendant les traitements, il s’agit d’adapter la pédagogie en fonction de la personne “car un traitement ça fatigue et ça donne des douleurs tout en maintenant une régularité selon l’appétence car tout le monde n’aime pas forcément le sport”. Aude M. estime faire du “sur-mesure”.

C’était en 2018 j’étais atteinte d’un cancer du sein et puis je me suis rendue à la maison d’information de l’hôpital. Nathalie m’a convaincue d’essayer. J’ai aimé, c’était très bizarre car je ne suis pas adepte de la danse, mais j’ai été prise par les anciennes, le groupe et je me suis mise à y aller toutes les semaines” explique Danièle, une bénéficiaire directe des ateliers.

Je m’appuie sur de l’individuel pour le collectif” : Le développement du projet

Aude M. ne s’arrête pas là : elle désire ouvrir un lieu pour créer collectivement avec des personnes malades mais également des personnes qui ne sont pas malades. En effet, elle veut également pouvoir toucher les proches, les soignant·es, les aidant·es et les ami·es de ces personnes malades. Elle crée alors une compagnie avec quinze danseuses dont sept sont des malades ou anciennes malades et sept autres qui sont des amatrices passionnées de danse. Dans leur première pièce, Chemin, elles s’interrogent sur comment tirer la vie vers le haut.

Travailler sur la fragilité de la vie mais aussi de la force de la vie

Aude M. explique qu’il y a toute une gestion des émotions à apprendre. “À partir de l’expérience qui est la mienne […], je me suis dit que la spécificité c’est l’approche. […] Comment j’approche ces personnes à tous les stades de la maladie ?“. Elle ajoute qu’il faut passer au-dessus des difficultés pour que la tête épouse la proposition et puis le corps suit.

Où la retrouver ?

Alexandre Messina a réalisé le film Elles dansent (2021) qui suit Aude M. à l’Hôpital Gustave Roussy lorsqu’elle danse au chevet des patient·es.

Vous pouvez également rejoindre le réseau Elles dansent en devenant membre bénévole juste ici. Vous avez la possibilité de participer en tant que danseur·euses aux ateliers.

Vous pouvez également suivre les actualités de l’association sur Facebook @ellesdansent et Instagram @elles.dansent ou s’abonnant à la newsletter ! 

Prochainement dans le cycle Racontez-nous

Le prochain rendez-vous Racontez-nous se tiendra le 30 juin à 11h à la Petite Fabrique (et en distanciel) en présence de K Golstein de la Compagnie KeatBeck. Pour s’inscrire, c’est ici.