Comment financer un projet d’éducation artistique et culturelle sur trois années consécutives ? Nous avons posé la question à Orianne Vilmer, qui nous explique la genèse du projet Touche le ciel et les défis liés à son financement.

Photo : Emmanuelle Stäuble

Commençons par un retour en arrière… Comment a été lancé le projet ? Quelles étaient les ambitions et les premières pistes de financement ?

Tout a commencé en 2016, à la suite d’un échange avec le directeur de l’école élémentaire des Amandiers, le principal du collège Robert Doisneau, le directeur du conservatoire municipal du 20ème arrondissement et le Regard du Cygne. L’idée du parcours Danse y est née, et les rôles de chacun se sont dessinés peu à peu. Côté Fabrique de la Danse, nous avons pris connaissance des besoins de l’école élémentaire des Amandiers et des attentes de son directeur. C’était important pour nous de mettre en place une action pertinente et ambitieuse, quels que soient les moyens que nous avions à disposition. Nous nous sommes mobilisés assez rapidement pour rechercher des fonds, et avons réussi à obtenir le dispositif ‘Résidence artistique et territoriale” de la DRAC IdF et du Rectorat de Paris. Ce dispositif a pour ambition de “participer au développement de l’éducation artistique et culturelle, de construire une collaboration entre des professionnels des métiers artistiques et culturels, des équipes éducatives et des élèves, et d’approfondir les partenariats sur un territoire”. Ce dispositif était tout à fait adapté à notre histoire puisque nous développons des projets chorégraphiques au coeur des Amandiers depuis 2011. Cependant, le projet ayant l’ambition de toucher tous les élèves de l’école de manière quasiment hebdomadaire, ce premier financement ne permettait pas de financer l’ensemble des interventions artistiques et des sorties culturelles. Nous avons fait le tour de différentes fondations privées avons convaincu de premiers partenaires, touchés par l’histoire de ce partenariat, l’ambition du parcours danse, ou encore l’intégration des nouvelles technologies dans le parcours éducatif des élèves.

Quelles sont les spécificités du financement d’un projet comme Touche le Ciel ? Y a-t-il des challenges particuliers ?

Les différentes éditions de Touche le Ciel ont été soutenues par divers acteurs publics comme la mairie du 20ème arrondissement, le dispositif Politique de la Ville, la DRAC IdF, le Rectorat de Paris et le FDVA. Sur la dernière édition les financements publics représentent 15 % des sources de financements du projet, quand les financements privés en représentent plus de 60% : c’est une des spécificités du projet.
Autre particularité du projet : la nécessité de repartir en recherche de fonds tous les ans. En effet, la majorité des financements que nous avons obtenus sont attribués à une édition spécifique, donc à une année scolaire. Nous repartons quasiment de zéro tous les ans… La visibilité financière est donc très réduite et c’est le challenge principal ! Cette logique de financement au projet, très présente dans le champ culturel, ne facilite pas la réalisation d’initiatives dont l’impact est étroitement lié à la durée de réalisation. Ainsi, constituer une même équipe artistique qui va suivre les mêmes élèves sur plusieurs années sont des choix audacieux que nous défendons au quotidien. Le projet ne change pas chaque année, il se précise, il évolue dans ses objectifs, mais s’appuie toujours sur une même méthodologie, éprouvée depuis 3 ans, que chaque binôme chorégraphe-enseignant peut s’approprier et décliner. C’est la présence durable de l’équipe et les relations de confiance développées avec les enseignants, les élèves et les familles des élèves qui sont des facteurs clés du succès du projet.

Et pour la suite ?

Nous rêvons depuis deux ans à une duplication de Touche le ciel sur l’ensemble du territoire pour toucher toujours plus de jeunes, dans différents établissement scolaires partout en France. Notre méthodologie est tout à fait adaptée à ce type de développement et nous disposons aujourd’hui d’un réseau de 70 chorégraphes, dont une dizaine d’entre eux a directement été impliquée dans les premières éditions de Touche le ciel. Par ailleurs, nous réfléchissons actuellement à un nouvel usage de notre outil DanceNote qui permettrait de combiner du présentiel et du distanciel et donc de maximiser l’impact du projet en ayant une présence artistique presque permanente dans l’année scolaire. Un excellent levier dans ces rêves de duplication ! Mais la situation sanitaire actuelle et les réorientations des missions des fondations privées ne nous permettent pas encore de nous lancer dans ces nouveaux développements…

L’équipe de La Fabrique de la Danse remercie chaleureusement l’école élémentaire des Amandiers et le collège Robert Doisneau, toutes les équipes pédagogiques, et les partenaires du projet, Le Regard du Cygne, le conservatoire municipal du 20ème arrondissement, la compagnie Danse en Seine, ainsi que le réseau Fedora.
L’édition 2017 – 2018 a été réalisée avec le soutien de la DRAC Ile-de-France, du Rectorat de Paris, de la mairie du 20ème arrondissement, du Centre National de la Danse, de la Fondation d’entreprise AG2R LA MONDIALE et de la fondation Seligmann.
L’édition 2018 – 2019 a été réalisée grâce au soutien de la DRAC Ile- de-France, du Rectorat de Paris, de la mairie du 20ème arrondissement, de la Fondation de France, du fonds de dotation Autosphère, de la fondation AFNIC, de la fondation Orange et de la fondation Ronald McDonald.
L’édition 2019 – 2020 a été réalisée grâce au soutien du Fonds pour le Développement de la Vie Associative, de la mairie du 20ème arrondissement, de l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires, de la fondation AG2R – La Mondiale, de la Fondation AFNIC pour la solidarité numérique, de la Fondation de France, du fonds de dotation Autosphère, de la fondation d’entreprise FDJ, de la fondation Strego Oratio, de la fondation Ronald McDonald et de la fondation Orange.
L’édition 2020 – 2021 sera réalisée grâce au soutien de La Caisse des dépôts, la fondation d’entreprise Le Conservateur et la fondation Berger-Levrault.