Le Comité International Olympique (CIO) a confirmé en mars dernier la potentielle présence du breakdance aux Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris-2024 parmi les quatre sports additionnels qui comprennent l’escalade, le skateboard et le surf. Cette liste de quatre sports, qui s’ajoutent aux 28 sports d’été traditionnellement au programme, sera désormais soumise à une ultime validation lors d’une réunion du CIO en décembre 2020. L’institution a encore la possibilité de retirer l’un de ces quatre sports à la lumière de leurs performances lors des JO de Tokyo-2020 où seront présents pour la première fois dans l’histoire des Jeux : l’escalade, le skateboard et le surf.

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Ainsi, au même titre que le breakdance, le surf pourrait faire partie des sports additionnels lors des JO 2024 de Paris. En amont de la table ronde “Breakdance et JO 2024 : un bon match ?” qu’organise La Fabrique de la Danse le 25 novembre prochain en partenariat avec le Festival Kalypso, l’équipe vous propose de découvrir le témoignage de la surfeuse Johanne Defay, qui donne un axe de réflexion nouveau sur la possible entrée de son sport aux JO 2024 de Paris.

Tout d’abord, voici le portrait de cette championne qui excelle dans sa discipline : Johanne Defay est surfeuse professionnelle. Dès ses 8 ans, elle pratique ce sport sur l’île de la Réunion et commence la compétition peu de temps après. Commence alors une carrière impressionnante, lors de laquelle elle est sacrée championne a de multiples reprises. Elle remporte notamment le titre de championne d’Europe junior en 2009, 2011 et 2013. Elle se qualifie pour le Championship Tour. En arrivant 8e elle est sacrée Rookie of the year (2014), titre récompensant la meilleure surfeuse. Aucune française n’avait atteint ce classement mondial jusqu’alors. En 2016, elle remporte le Fiji Women’s Pro en 2016 ainsi que la Drug Aware Margaret River Pro en 2018 (épreuve pour se qualifier au championnat du monde). (source site officiel de Johanne Defay)

Comment l’annonce du Comité Olympique est perçue par les acteurs de ces disciplines ? Pourquoi vouloir faire entrer un sport dans les disciplines olympiques ? Entre doutes et enthousiasme, Johanne Defay, a accepté de répondre aux questions de la Fabrique de la Danse au sujet de la possible arrivée du surf aux JO.

Comme pour le Breakdance, initialement danse urbaine où le freestyle est essentiel, en surf aussi tout surfeur commence par faire du « free surf ». Que changent les compétitions à l’essence de ce sport ?

Le surf de compétition est au final aussi un « free surf », il y a juste un coté tactique qui s’impose si tu veux parvenir aux résultats que tu veux. C’est à dire le choix de la vague, faire attention aux priorités, ne pas tomber sur tes vagues mais au final, sur les vagues tu fais ce que tu veux. Les JO ne sont pas une compétition comme une autre, pourquoi le milieu du surf se bat-il pour que ce sport soit reconnu aux JO et pour choisir le meilleur spot français pour le représenter ? Pour être honnête, il me semble que le milieu se bat pour être au JO pour avoir de nouveaux horizons financiers. Les marques de surf ont toutes été rachetées pour de gros groupes et notre league (qui est privée) à besoin de moyens pour continuer à faire évoluer le sport. Et pour cela, il faut des droits télé et les JO sont un bon moyen pour tout ça.

Est-ce que cette « reconnaissance » et l’addition de ce sport aux JO pourrait apporter une véritable légitimité supplémentaire à ce sport ?

Le sport et ses athlètes se professionnalisent de plus en plus. Donc, le fait d’être au JO est en effet une sorte de reconnaissance. L’entrée aux JO du Breakdance fait redouter à certains une “formatisation” de la discipline par les standards olympiques.

Pour vous, l’introduction du surf aux JO va-t-il plutôt dénaturer ou aider le sport ?

J’ai du mal à imaginer pour le moment ce que ça peut faire vraiment à la discipline. Le fait que la compétition va se faire en milieu naturel, ça va aider à garder son essence mais dans les années à venir peut être les piscines à vagues prendront le dessus.

Le milieu du breakdance s’interroge sur la possibilité de se conformer au système de compétition des JO. De même, le surf peut-il s’intégrer et se conformer au cadre institutionnel strict des JO ?

C’est un peu compliqué… Je ne sais pas trop. Pour le moment à Tokyo et en France, le surf sera en milieu naturel et du coup, nous ne serons pas dans le village olympique et je pense donc que ça va rester un peu « naturel » mais il y aura forcément un moment où l’on va devoir se conformer au cadre JO. Après, le faire sur un événement qui nous permet d’avoir la visibilité nécessaire pour pouvoir continuer notre tour en parallèle, c’est peut-être pas mal.

Ainsi, le surf comme le breakdance seront tous deux confrontés à un nouveau cadre au même titre que les autres potentiels sports additionnels. Pour certains, l’entrée de ces sports dans les disciplines olympiques est une forme de reconnaissance officielle et apporte une légitimité supplémentaire. D’autres sont plus dubitatifs quand à l’ajout de ces sports à la compétition olympique.

Pour participer à cette réflexion, n’oubliez pas de vous inscrire gratuitement à la table ronde sur l’entrée du breakdance aux JO 2024 qui aura lieu le 25 Novembre 2019, 15 rue de la Fontaine au Roi, Paris 75011, à 18h30.