C’est quelque chose que l’on sent à un moment donné, de vouloir mettre le corps nu, parce que c’est de cette façon que l’on dira le mieux ce que l’on a à dire ; parce que, de cette façon, le mouvement sera à son plus haut degré de signification.

La nudité devient une composante de l’acte artistique.  Elle lui est nécessaire.

Si elle est claire pour la chorégraphe, ce sera clair pour l’interprète, qui endossera cette nudité comme « le costume »   le  plus judicieux , pour servir la création.

Et il y a autant de façon d’aborder la nudité, que de chorégraphes :

Elle peut être simple, joyeuse, naturelle, sacrée, provocante, banale, quotidienne, sublime, dérangeante, érotique, archaïque, bouleversante…..   Le corps nu parle .

Dans mes pièces , elle a été « voilée, donnée » dans La Folia, « cachée » dans Bless, « offrande et lumière » dans Grâce, «provocante » dans Be, « blessée » dans Mariam, « grossière » dans Même pas seul, « naturelle et totale » dans l’invisible, ma prochaine création.

La nudité existe depuis bien longtemps dans la danse, et de plus en plus aujourd’hui …

Voilà tout ce qui remonte à ma mémoire….

Ce que l’on sait :

Monte Verita au début du 20ème siècle et Isadora Duncan, la nudité comme retour à l’état de nature.

Ce que j’ai vu  (et j’en oublie bien sûr) :

  • Mats Ek : le danseur nu est comme un hymne à la joie.
  • Jan Fabre : nudité féminine sensuelle, presque indécente.
  • Angelin Preljocaj : nudité masculine, érotique et joyeuse.
  • Christine Gérard : nudité et maigreur bouleversante du jeuneur.
  • La moitié des compagnie de Danse élargie 1ère édition, dont un trio d’hommes nus sous leurs tee-shirts, très drôles ,très enfantins…
  • Tatiana Julien : la nudité du paradis terrestre.
  • Caroline Jaubert, Clémence Pavageau, Marie Simon : une nudité naturelle, évidente ….

Au-dela de toutes ces nudités, j’aime bien me dire  qu’il y a encore mille trésors non dévoilés. La danse nous emporte plus loin que ce qui est donné à voir. Et on n’en aura jamais fini avec ce corps qui en contient des milliers, toujours réinventés.

Derrière la matière il y a un tel mystère, qu’on n’en connaitra jamais le secret… Tant mieux.

La peau, même nue, est encore la gardienne d’un invisible qu’on n’atteint jamais.

Est-ce pour cela qu’on ne se sent pas nue sur scène ? Juste plus proche de….