Le projet fait partie du programme Impulsion, lancé en janvier 2022, qui est un programme d’accompagnement pour des chorégraphes qui souhaitent mettre en place des projets artistiques à impact social auprès de jeunes en difficulté.

La Fabrique de la Danse et l’École Normale Sociale (ENS) – une école de formation et un centre social et linguistique pour migrant·es – sont partenaires pour la réalisation d’ateliers auprès de migrant·es.

Les bénéficiaires des ateliers

Le groupe est composé d’une dizaine de jeunes, hommes et femmes, originaires de différents pays : Mali, Vietnam, Sénégal, Algérie, Comores, Irak, Pakistan… Iels suivront des ateliers à partir du 18 mars et jusqu’à fin juin au Carreau du Temple, à l’École Normale Sociale ou à la Petite Fabrique.

Iels font partie de la classe Passerelle, une formation intensive à visée professionnelle pour des jeunes âgé·es de 16 à 25 ans afin de favoriser l’intégration, d’amorcer un parcours d’insertion professionnelle et de lever tous les freins y faisant obstacle

Un collectif de chorégraphes

Sept chorégraphes du collectif Impulsion sont associé·es au projet : Elizabeth Gahl, Jehane Hamm, Cécile Lassonde, Elsa Lykzco, Michaela Meschke, Emmanuelle Simon et Orianne Vilmer.

Michaela Meschke, chorégraphe intervenante, est à l’origine de ce partenariat. “Je suis intimement convaincue que le mouvement et la danse sont une source de bien-être. Peu importe quel est notre parcours, le fait de se connecter à ses sensations et pouvoir s’exprimer, en dehors des mots, accompagné par d’autres, accompagné par de la musique, nous ressource et nous enrichit. Pour ces raisons, cela fait sens pour moi de partager l’art chorégraphique, non seulement sur une scène mais en tant que matière pour créer du lien, d’accueillir et de se réjouir ensemble” déclare-t-elle.

L’ensemble des chorégraphes intervenant·es se fédèrent en binômes qui s’alternent d’atelier en atelier et font intervenir des chorégraphes supplémentaires ponctuellement. C’est le cas du binôme Elsa Lykzco et Michaela Meschke qui s’alternent une semaine sur deux.

Ils sont vraiment attentifs et avec une grande envie de faire, le climat de confiance s’est très vite installé, on a délié les corps et on a aussi parlé et ri ensemble” s’enthousiasme Elsa Lyczko, chorégraphe intervenante.Le premier atelier s’est articulé autour de deux thèmes : arriver et soutenir. Elsa Lyczko a d’abord invité le groupe à dessiner la forme de son pays avec différentes parties du corps, à voyager dans l’espace en les transportant dans un imaginaire à partir d’images, etc. Progressivement, elle les a menés vers l’écriture d’un cours ensemble chorégraphique.

Entretien avec Elsa Lyczko suite au premier atelier

Est-ce que tu appréhendais le démarrage des ateliers ?

Pourtant habituée à intervenir auprès des publics différents et passionnée par les rencontres qui se jouent dans le studio par les corps, par le geste dansé, j’avoue avoir été prise d’appréhension avant l’atelier. La peur de ne pas arriver à établir d’un regard le rapport de confiance nécessaire à l’entrée dans la pratique, la peur de faire mal, de leur faire mal par des propositions où ils se sentiraient bousculés dans leurs repères identitaires et culturels. Là était pour moi tout l’enjeu, les mettre assez en confiance pour qu’ils puissent librement me dire « non, ça je ne veux pas le faire pour x ou x raison ». Finalement ce n’est pas du tout la peur de ne pas pouvoir se comprendre par le langage qui m’animait mais celle d’être maladroite au regard de leurs parcours de vie, de leurs réalités respectives, de leurs cultures singulières.

Comment t’es-tu défaite de tes craintes ?

Plonger dans la pratique a balayé d’une traite mes appréhensions… Bien sûr j’ai « pris soin », j’ai « fait attention » à chacun dans son individualité mais aussi à la dynamique de groupe, et puis ils ont fait le reste… Ils ont tout expérimenté avec engouement, avec curiosité, parfois avec une douce gêne liée à la plongée dans l’inconnu. Et on a ri, beaucoup, ça je m’en souviens. On a ri quand j’ai essayé de répéter le mot « bonjour » dans toutes leurs langues, on a ri quand Abdelnour a caressé les nuages avec l’arrière de son crâne, on a aussi ri quand Cumba s’est jetée en arrière, prise d’une confiance aveugle sans vérifier si l’un d’entre nous était là pour la rattraper. Heureusement Assad était là…

Comment te sens-tu après le premier atelier ?

Comme une sensation d’avoir une chance inouïe dans mon métier de m’offrir 2h d’échange authentique avec le reste du monde. 10 participants, 10 nationalités, moi et la danse. Je ne rentrerai pas dans des discours politiques sur les multiples vertus de l’expérience de la sensorialité par la danse pour être soi, être l’autre, être avec l’autre en harmonie… mais quand même, j’y ai beaucoup pensé. Et tous les mots que je couche maintenant sur le papier ne valent pas 5 min de l’expérimentation collective à leurs côtés. Avis aux intéressés, aux sceptiques comme aux convaincus.

Rendez-vous au Festival Impulsion à l’Institut Suédois dans le Marais les 2 et 3 juillet 2022 pour découvrir leur travail !