Tess Blanchard, chorégraphe de la promotion 2016 de l’incubateur de La Fabrique de la Danse, s’apprête à réaliser la première de son spectacle RIM le 3 octobre prochain au Dejazet. Entre réglages des derniers détails et répétitions, nous lui avons posé quelques questions sur son état d’esprit et son chemin artistique. 

tess blanchard

Alors, à quelques semaines de la première, comment te sens-tu ?

Mon ressenti est paradoxal : je me sens prête, et pourtant rien n’est prêt ! Notre proposition me semble aboutie, je suis parvenue à exprimer ce que je souhaitais, sans frustration ni compromis ; c’est un sentiment satisfaisant. Mais au-delà, il nous reste tant à faire pour l’organisation pratique… Je pense aussi être un peu inconsciente, et oublier parfois qu’il s’agit de ma création, mon spectacle, ma première. Ce sera la première de toutes mes premières. Je ne vivrai pas deux fois cette expérience.

Parle-nous un peu de ce spectacle…

Ce spectacle est ma première création longue. C’est surtout le premier spectacle de la compagnie. L’enjeu majeur était de parvenir à m’exprimer librement, en minimisant les contraintes. J’ai donc choisi le duo, une forme qui m’est familière.

J’ai ajouté une difficulté : moi qui avais jusque là écrit sur des danseurs, je me suis entichée d’une danseuse et d’un musicien ! J’ai pris le parti de tout transposer : écrire pour deux corps, en respectant les points de rencontre et de rupture. Avec un batteur comme partenaire, quels seraient les contacts possibles, les dialogues, les échanges ? Cette spécificité allait pousser mon père, le musicien Amaury Blanchard, jusque dans ses retranchements. Habituellement plutôt à la place d’accompagnateur, je voulais le transformer en véritable partenaire de danse, changer son espace, son temps. En somme : le déstabiliser ! Je crois que nous avons réussi.

Je toujours pensé que ce spectacle ne racontait pas « d’histoire ». En réalité si, c’est l’histoire d’un trio : un musicien, une danseuse, une batterie. D’où viennent les influences ? Qui suit? Qui dirige? Qui arrive à se faire entendre ? Réponse le 3 octobre.

RIM Interview from Tess Blanchard on Vimeo.

Pourquoi ce nom ?

RIM ? Un simple titre provisoire qui a pris du galon ! Toutes les paperasses exigeaient un titre, avant même de commencer… Pour moi c’était le monde à l’envers. Le titre me vient toujours pendant la création, il s’impose à un moment donné : un mot que j’ai répété trop de fois, ou une évidence qui a mûri. Mon père partageait ce point de vue. Le titre arriverait plus tard, et peut-être même viendrait-il de lui.

Du coup j’ai cherché en attendant quelque chose de simple et efficace. Je voulais un seul mot. Pas forcément français. Je voulais suggérer l’idée de cercle car cette pièce évoque selon moi quelque chose de circulaire : une idée de boucle, de passage par les mêmes points, de retour au départ. J’ai suivi plusieurs pistes, dont celle du champ lexical anglais de la batterie. Je suis tombée sur « Rimshots ». C’est le fait de jouer sur le cerclage métallique d’un tome de batterie. Pour moi, tout y était. La pièce allait donc s’appeler « RIM, titre provisoire. » Peu à peu le « titre provisoire » a disparu. A force d’appeler la pièce par ce titre, elle est devenue ce titre. Mon père avait raison finalement, d’une certaine manière le titre vient de lui.

Nous avions parlé sur ce blog de cette création (en décembre 2015) : comment a-t-elle évolué ?

Mon écriture est cadrée, je fais toujours un squelette sur lequel s’incorpore le langage chorégraphique. La structure évolue selon ma logique propre. Je sais où je veux emmener la pièce et le spectateur, quel chemin suivre en vue du dénouement. L’évolution majeure depuis le mois de décembre est donc la fin ! Cette fin était pour moi primordiale et ambitieuse. Mon idée était un vrai challenge et il était difficile de se la représenter, mais j’avais confiance. Bien entendu, je préserve la surprise, rendez-vous le 3 octobre !

Tout ce que je peux dire c’est que le dénouement s’appuie sur la connexion qui s’est créée entre les deux partenaires au fil de la création. Et ça, ça ne s’écrit pas à l’avance. Je pense que nous avons trouvé avec mon père cette connexion, cette ressemblance dont je parle depuis le début. Je me demande ce que sera l’effet ressenti par le spectateur.

De quelle manière t’ont aidées les répétitions publiques et la Soirée des Chorégraphes du 13 juin ?

Les répétitions publiques et la Soirée des Chorégraphes au CENTQUATRE-PARIS ont été essentielles au processus créatif. D’une part, je pense que les publics ont apprécié la possibilité de voir l’évolution du travail, et nous l’ont bien fait sentir. D’autre part, les questionnements, réflexions et retours étaient pertinents et reflétaient notre but. Il était important de pouvoir faire des tests. Nous avions un miroir. Merci à chacun de ces regards positivement critiques !

RIMEn savoir plus : 
– Réservez vos places sur le site du Dejazet ou bien sur BilletReduc
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Les autres chorégraphes de la promotion 2016