La semaine dernière, Tess Blanchard est entrée en résidence pour travailler sur sa nouvelle création. 

Sur quel projet travailles-tu pendant cette résidence ?

J’élabore la première création de la compagnie, un duo entre danse et batterie. Il s’agit d’une collaboration particulière et une première pour moi, puisque le musicien n’a pas été choisi au hasard : mon père, le batteur Amaury Blanchard.

D’où est venue cette idée ?

Cette idée émane de notre ressemblance en tant qu’interprètes. J’ai souvent été surprise en remarquant que mes attitudes et expressions sur scène ressemblaient à celles de mon père. Nous avons une énergie et une force communes. Je décris ce ressenti dans la note d’intention de la pièce : « Nous avons adopté deux formes d’expression différentes, mais elles se manifestent de la même manière. Cette énergie, je veux l’explorer. »

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Tu viens tout juste de monter ta compagnie, après plusieurs années comme interprète : comment en es-tu arrivée à cette décision ?

J’ai toujours fonctionné par déclics. Chacune de mes évolutions s’est imposée à moi, étape par étape, lorsque j’étais réellement prête, je suppose. Par exemple, le désir de faire de la danse mon métier a émergé des années après le début de ma formation professionnelle, à un moment très précis. Je me souviens m’être dit un jour « je suis danseuse » et non pas « je fais de la danse. »

La création fait partie de ma danse depuis le début. J’ai répondu à de nombreuses commandes chorégraphiques. J’ai toujours créé, que ce soit pour moi ou pour d’autres.

Monter ma propre compagnie ? Le déclic m’est venu en assistant la chorégraphe pour laquelle je dansais.

Très vite, j’ai eu la possibilité de remonter moi-même des pièces, de les transmettre et de diriger des groupes de professionnels dans des lieux prestigieux. J’adorais ça ! Je bénéficiais d’une vraie liberté ; j’ai ainsi constaté que je m’en sortais très bien à la direction de l’équipe. Je ne devrais pas le dire, mais je mourais d’envie de prendre la place de la chorégraphe !

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Tu fais partie des chorégraphes incubés de La Fabrique de la Danse : est-ce que les premières formations t’ont aidée à mieux aborder cette résidence ?

Oui. J’aborde cette création avec plus de sérénité. L’équipe de la Fabrique est incroyable de bienveillance, ce qui manque terriblement dans ce métier.

Nous, danseurs, avons tous un parcours différent. Du moins, c’est ce que l’on nous inculque. En réalité nous avons tous sensiblement la même histoire : les mêmes questionnements, cassures, blessures, passions, les moments où nous sommes sous la lumière, puis ceux où nous ne sommes plus rien. Voilà ce que j’ai ressenti lors du cycle chorégraphique, dans cette salle avec tous ces jeunes chorégraphes sous l’aile de Christine Bastin : tous différents mais tous liés. On se soutient les uns les autres. On s’écoute. Nous sommes le miroir de celui qui cherche, et vice versa. Je me sens soutenue.

Durant le cycle d’exploration, j’ai été amenée à écrire et transmettre une pièce pour trente danseurs, ce qui me donne envie d’écrire pour plusieurs danseurs. Mais ça, c’est la prochaine étape…

A présent, j’ai hâte de participer aux cycles lumières, mise en scène et administratif, car j’en éprouve déjà le besoin en ce début de résidence.

En savoir plus :
– La page Facebook de la Compagnie Tess Blanchard
– Le programme d’incubation de La Fabrique de la Danse