
La crise écologique impose une transformation profonde de nos pratiques culturelles. Comment continuer à créer, diffuser et rencontrer les publics sans aggraver l’urgence climatique ? C’est à cette question que le Shift Project a répondu dans son rapport Décarboner la culture (2021), en identifiant 5 grandes dynamiques à mettre en œuvre dans l’ensemble du secteur culturel.
Ces leviers concernent tous les acteur·ices du spectacle vivant : artistes, compagnies, producteurs, lieux, diffuseurs, institutions. Voici comment ils peuvent s’appliquer concrètement à nos métiers.
1. Réduire la mobilité carbonée des œuvres et des personnes
Le transport est l’un des premiers postes d’émissions du secteur. Cela concerne :
- Les tournées internationales en avion,
- Les déplacements des équipes artistiques et techniques,
- Et ceux du public, souvent en voiture individuelle.
Réduire cette mobilité, ce n’est pas renoncer à la circulation des œuvres, mais imaginer autrement :
- Privilégier des tournées lentes et régionales,
- Mutualiser les transports, organiser des navettes, intégrer la mobilité dans la billetterie,
- Favoriser des formes ancrées localement, qui valorisent le lien au territoire.
2. Éco-concevoir les lieux, les décors et les scénographies
80% des impacts environnementaux sont déterminés lors de la phase de conception. L’éco-conception, c’est penser un projet artistique en prenant en compte son impact écologique dès la phase de création et jusqu’à la diffusion :
- Choisir des matériaux recyclés, mutualisés, durables,
- Allonger la durée de vie des décors, éviter les scénographies jetables,
- Penser réparabilité, modularité et réemploi dès le départ.
C’est un changement d’habitude… mais aussi une source de créativité et d’intelligence collective !
3. Réduire les consommations d’énergie des lieux culturels
Les bâtiments culturels (salles, studios, plateaux) sont souvent gourmands en énergie. Agir ici, c’est :
- Optimiser l’isolation, l’éclairage, la gestion des flux,
- Réduire les équipements inutiles ou surdimensionnés,
- Adopter une sobriété technique : éclairages LED, scénographies moins énergivores, régies plus sobres.
Et cela passe aussi par une meilleure planification des temps d’occupation pour limiter le gaspillage.
4. Ralentir le rythme de production et valoriser les œuvres dans la durée
Dans le spectacle vivant, la pression à produire sans cesse du nouveau est encore forte. Créer de manière plus responsable c’est aussi :
- Réduire la logique de nouveauté permanente
- Donner plus de visibilité et de temps de vie aux œuvres créées
- Valoriser la reprise, la transmission, les formats adaptables
5. Transformer les récits, les pratiques et les imaginaires
L’art a un pouvoir immense : celui d’ouvrir les imaginaires et de faire récit. Le cinquième levier proposé par le Shift Project est fondamental :
- Utiliser le pouvoir de l’art pour sensibiliser aux enjeux écologiques
- Mettre en scène de nouveaux récits, plus durables, plus collectifs, plus sobres
- Questionner ce que l’on valorise dans la création : la virtuosité technique, la mobilité, la production intensive… ou autre chose ?