Voyage dans le cerveau pour mieux comprendre comment fonctionnent les émotions, pour ensuite mieux les apprivoiser, notamment en milieu professionnel.

Illustration : Alice Dubourg

Le cerveau est constitué de trois grandes parties : le néocortex, le système limbique, et le système reptilien. Ce dernier représente le cerveau primaire, responsable des instincts (survie, fuite…). Le système limbique fait figure du centre des émotions et de la mémoire. Le néocortex représente le centre des fonctions cognitives supérieures et concerne ainsi par exemple la stratégie, les raisonnements spatiaux et long terme, la perception, la pensée consciente ou encore le langage. Ce dernier, le néocortex ou « nouveau cerveau », s’est développé à partir du système limbique dans l’histoire de l’évolution du cerveau de l’homme, ce qui pourrait expliquer le rôle crucial des émotions sur le fonctionnement du cerveau et notamment de la pensée.

Il y a quelques années encore, l’emplacement des émotions dans le cerveau était localisé par la communauté scientifique au niveau du système limbique exclusivement. Était établi que les émotions parcouraient un unique circuit génétique systématique. Mais les avancées de la recherche ont permis de découvrir que les zones cérébrales provoquant une émotion sont multiples. Comme le raconte la neuropsychologue Aroa Gomez Marin : « On sait que les différentes émotions ne sont pas le fruit de l’activation d’une seule structure cérébrale : sinon qu’elles sont le résultat de l’activation d’un circuit de connexions déterminées qui permettent la communication entre les différentes zones du cerveau ».

D’autres théories s’accordent sur ce point : les zones concernées par les émotions dans notre cerveau sont nombreuses. Ils défendent de plus qu’il n’y aurait pas de circuits établis génétiquement dans nos cerveaux. Les circuits responsables de l’apparition d’émotions seraient au contraire le résultat exclusivement de processus d’apprentissage: par nos expériences par exemple (Lisa Feldman) ou par le langage (Tiffany Watt Smtih). En terme de fonctionnement, il y a un circuit émotionnel important à connaître pour comprendre le pouvoir des émotions dans notre cerveau. Joseph LeDoux, neurologue américain, a été le premier à montrer le rôle central de l’amygdale dans le circuit émotionnel de notre cerveau. Ce petit organe explique que l’Homme est capable d’agir suite à une émotion avant même que son système de pensée ait pu prendre une décision. « Anatomiquement, le système qui gouverne les émotions peut agir indépendamment du néocortex. Certaines réactions et certains souvenirs émotionnels peuvent se former sans la moindre intervention de la conscience, de la cognition », décrit Joseph LeDoux.

Lorsque le cerveau reçoit des signaux sensoriels, deux voies sont empruntées en parallèle par les informations reçues. Prenons l’exemple d’une réaction émotionnelle de la peur suite à un signal visuel : celui de l’apparition d’une mygale dans notre champ de vision (vous sentez le frisson parcourir vos bras et votre dos à cette pensée ?). Revenons-en au fonctionnement dans notre cerveau :

  • Le signal visuel part de la rétine lors de la vision de cette mygale pour aller vers le thalamus.
  • Le thalamus se charge alors de transmettre l’information, selon le langage de notre cerveau, au cortex visuel.
  • Le cortex visuel est finalement chargé d’analyser le signal reçu pour trouver la réponse nécessaire.
    • Si la solution appropriée est de nature émotionnelle, le signal sera à nouveau transmis du néocortex vers l’amygdale, située dans le système limbique et donc au centre des commandes émotionnelles.
    • Mais en parallèle de ce trajet, une partie du signal est envoyée par une seule synapse, par le thalamus directement vers l’amygdale, et peut ainsi engendrer une réponse émotionnelle très rapidement. Cette voie rapide reste néanmoins primitive et détachée de toute analyse cognitive. Elle est ainsi complétée à posteriori par la voie empruntée par le néocortex qui peut établir un plan d’action plus élaboré et adéquat.

Illustration inspirée du livre L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. On distingue ainsi une voie rapide de la peur thalamo-amygdalienne et une voie plus longue thalamo-cortico-amygdalienne. Illustration : Alice Dubourg

Les émotions peuvent ainsi se déclencher sans la moindre intervention de la pensée et prendre le dessus sur la raison pendant un temps donné, avant que le système cognitif ait pu analyser l’information rationnellement. Si ce fonctionnement a pu sauver des vies maintes fois au cours de l’histoire humaine, il peut aussi être source d’une réaction inappropriée dans notre quotidien.

Il ne faut par ailleurs pas négliger le rôle de l’amygdale dans la mémoire émotionnelle. Cette instance de notre mode de fonctionnement est un guide es- 12 sentiel dans nos choix. En effet, Antonio Damasio a étudié le rôle de l’amygdale dans la prise de décision. Il a étudié des choix personnels ou professionnels, minimes ou très importants. Ses études ont montré que les émotions et sentiments sont indispensables lors des prises de décisions rationnelles. Ils constituent des mises en garde pour orienter nos choix dans la bonne direction, celle où la raison peut être utilisée au mieux grâce à la mémoire émotionnelle emmagasinée tout au long de notre vie.

Deux formes d’intelligence habitent donc notre esprit, notre cerveau : l’intelligence intellectuelle et l’intelligence émotionnelle. L’intelligence intellectuelle a longtemps été considérée comme l’unique intelligence, mais comme le dit Antonio Damasio : après le paradigme de l’intelligence intellectuelle, le nouvel objectif est de lier raison et émotions pour mieux décider !

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