Lancé en janvier 2022 par l’association La Fabrique de la Danse, le programme Impulsion est un programme d’accompagnement pour les chorégraphes qui souhaitent mettre en place des projets artistiques à impact social auprès de jeunes en difficulté.

Durant trois jours consécutifs, de nombreux évènements, mêlant rencontres et discussions, ont rythmé la semaine de lancement du programme.

Rencontre autour d’un petit-déjeuner thématique : Quels sont vos moteurs de création ?

Un moment de débat stimulant qui a fait émerger plusieurs interrogations : à quel point l’intime peut-il faire partie de notre recherche ? Dans la création, qu’est-ce qui est de soi et qu’est-ce qui est de l’autre ? Est-il important de partager ses moteurs de création avec le public ? Pour se renouveler, faut-il rechercher d’autres moteurs ?

Insuffler et inspirer

Un temps de lancement du programme a ensuite été dédié aux retrouvailles entre les artistes engagé·es à la Petite Fabrique. Des artistes tous·tes réuni·es pour une ambition commune : accélérer le déploiement de projets chorégraphiques à impact portés par des artistes engagé·es pour l’égalité d’accès à la création chorégraphique.

Les artistes engagé·es sont doté·es d’un accompagnement artistique de la chorégraphe et directrice artistique de La Fabrique de la Danse, Christine Bastin. Cette dernière a pour ambition de “mettre à jour le corps de l’artiste” qu’ils sont. Les artistes vont également bénéficier de débats, de rencontres, de masterclasses et d’ateliers de co-construction qui leur permettront de faire grandir l’artiste engagé·e qui est en eux.

On ne saura jamais vraiment si c’est le corps que l’on a qui génère notre danse, ou si c’est notre danse qui nous sculpte le corps, mais on va essayer de mettre à jour, l’endroit où ça résonne le mieux de l’un à l’autre : de notre corps à ce qui danse nous”, Christine Bastin

Chaque chorégraphe a partagé un blason poétique et graphique pour représenter valeurs, causes, engagement et motivation. Qu’il s’agisse de “réveiller l’instant présent”, “vivre intensément et s’adapter à tout”, “toujours trouver le point lumineux à suivre”, “aimer l’autre dans son entièreté », “comprendre et apprivoiser nos différences”, “que le plus de personnes puissent vivre, expérimenter et ramener chez eux l’envie d’être”, “faire vibrer par son art et son être un profond chez le plus de gens possibles ”…, l’ensemble des chorégraphes du groupe se retrouvent autour d’un art humaniste et engagé. 

Ce qui fera impact c’est vous [les chorégraphes] tout entier : l’artiste d’abord, puis l’artiste aimant tellement son art qu’il brûle d’envie de le partager et de le voir naître chez l’autre”, Christine Bastin

Un temps à ensuite été dédié à un échange avec Isabelle Jacquot-Marchand, inspectrice et conseillère de la création, des enseignements artistiques et de l’action culturelle du Ministère de la Culture  de la Délégation Transmission et Territoires. Cette nouvelle délégation créée le 1er janvier 2021 au sein du Ministère de la Culture élabore et coordonne la politique du ministère en matière d’éducation artistique et culturelle. La sous-direction de la participation à la vie culturelle est chargée, en lien avec les directions, de définir et mettre en œuvre la politique du ministère visant à garantir l’accès de tous les habitants à l’offre et aux pratiques culturelles dans le respect des droits culturels. Lors de son intervention, Isabelle Jacquot-Marchand a rappelé les enjeux actuels de l’Éducation Artistique et Culturelle,  l’importance de la pratique culturelle dans la construction de l’identité de chaque individu et les défis des droits culturels.

En fin de matinée, chaque chorégraphe partage ses propres aspirations pour le programme. Le groupe se retrouve autour de différents objectifs communs : création d’un collectif d’entraide entre artistes engagés sur le terrain, développement de nouvelles compétences, et bien sûr co-construction d’expériences et de projets artistiques contribuant à la réalisation des êtres.

Savoir être, savoir faire et savoir concevoir” : Masterclass de K Goldstein (Cie Keatbeck)

K Goldstein, chorégraphe et directeur artistique de la Cie Keatbeck, a animé un atelier de réflexion et d’échange sur l’artiste engagé qui s’appuie sur l’expérience et les méthodes développées par le chorégraphe ces dernières années. La Cie KeatBeck s’attache à différents média et technologies, dans le but de promouvoir un accès à l’art pour tous et de proposer de façon engagée un art utile.

Rencontre inspirationnelle avec un artiste engagé

La troisième journée du lancement était consacrée à une rencontre inspirationnelle en présence du danseur et chorégraphe Bolewa Sabourin et Fenda Gassama, responsable du développement de La Boussole, un espace dédié à la culture et au spectacle vivant à Reims implanté dans le quartier politique de la ville de la Croix-Rouge.

Les deux intervenant·es collaborent ensemble autour d’un projet de danse à destination des femmes victimes de viols et de violences sexuelles à Reims. La danse apparait ainsi comme un outil thérapique face aux violences que les femmes ont subies.

Libérer, connecter et transcender” constituent les trois piliers du projet Re-création.

Ce projet réunit à la fois le chorégraphe pour parler avec le corps à travers la danse et un psychologue pour délier la parole. “Délier le corps pour délier la parole” dit Bolewa Sabourin. “Habiter son corps pour se le réapproprier” : tels sont les mots du chorégraphe.

Atelier de co-construction : l’Éducation Artistique et Culturelle

Une partie du programme Impulsion étant consacrée à l’intervention des chorégraphes auprès de jeunes en difficultés, différents ateliers de préparation collective de ces interventions sont prévus. 

Le premier d’entre eux s’est tenu sur la fin de cette semaine de lancement autour du projet mené au sein de l’école primaire des Amandiers située dans le 20e arrondissement dans le quartier politique de la ville Belleville-Amandiers. Les chorégraphes se sont répartis dans différents groupes de travail pour concevoir et structurer un projet artistique et pédagogique avec chaque enseignant. Chaque projet s’articule autour de rencontres artistiques avec un trio de chorégraphes, d’ateliers de création, de sorties de résidences, de restitutions et d’une sortie culturelle.

Ce premier atelier à permis à chaque chorégraphe de clarifier les objectifs et contenus de ses interventions à venir, à l’aide de la méthodologie proposée par le CCN de Belfort suite à son projet Territoires Dansés en Commun.

Et la suite ?

Le prochain rendez-vous de l’équipe aura lieu en février avec les ateliers avec Ikigaï auprès de jeunes aux troubles de neuro-développement qui se dérouleront les 5, 12 et 19 février à la Petite Fabrique précédé d’un atelier de co-construction entre les chorégraphes afin de préparer au mieux les sessions ! Un petit-déjeuner thématique se tiendra également le 8 février portant sur la posture et l’enjeu du chorégraphe interprète. 

Peut-on dire que la pédagogie pour un artiste, c’est comme une histoire d’amour : amour de l’art et amour de l’autre ?”, Christine Bastin