Depuis sept ans, La Fabrique de la Danse accompagne les chorégraphes dans leur professionnalisation. Incubateur artistique pour les professionnel·les, point de rencontre d’un réseau de chorégraphes, La Fabrique de la Danse porte aussi de nombreux projets socio-culturels.

L’équipe a lancé en janvier 2022 un nouveau programme appelé Impulsion, programme d’accompagnement pour les chorégraphes qui souhaitent mettre en place des projets artistiques à impact social auprès de jeunes en difficulté. 

Orianne Vilmer, cofondatrice et présidente de l’Association, répond à quelques questions pour expliquer la démarche. 

Pourquoi avoir créé le programme Impulsion ?

À la Fabrique de la Danse, nous sommes convaincu·es que la création contribue à la réalisation de soi et permet à chacun·e de s’émanciper, de s’épanouir, de se dépasser. Nous inventons donc des projets et des programmes dans lesquels le·a bénéficiaire final·e est au centre de la démarche artistique. Cette démarche reflète notre engagement général envers l’égalité des chances, et plus précisément l’égalité d’accès à l’expression artistique qui conduira demain, nous l’espérons, à la représentativité de minorités culturelles sur les scènes françaises. Cet engagement fait bien sûr écho aux enjeux des droits culturels. 

L’ambition du programme Impulsion est aligné avec celui de notre Association : accélérer le déploiement de projets de créations chorégraphiques initiés et portés par les artistes, impliquant des jeunes non initié·es à la création artistique. Nous cherchons ainsi à favoriser la liberté d’expression artistique et la liberté de création des jeunes, indépendamment de leurs origines sociales, culturelles, géographiques.

Comment avez-vous construit le programme Impulsion ? Qu’est-ce qui le rend différent des autres programmes et projets de La Fabrique de la Danse ?

Ce programme, à la différence d’actions artistiques ponctuelles, permet au/à la chorégraphe, acteur·rice clé du succès de ces initiatives, de se remettre au premier plan et de maîtriser le partage de valeurs économique et artistique. Artiste engagé·e sur le terrain, iel est aussi le moteur de ces actions, avec sa sensibilité, son savoir-faire et son expérience. Avec ce programme, nous défendons l’idée que le·a chorégraphe est bien plus qu’un·e prestataire de service mobilisé par l’institution pour remplir le cahier des charges fixé par ses tutelles. Le·a chorégraphe-entrepreneur·e doit être à l’origine de sa propre démarche artistique et sociale, doit pouvoir en définir l’ambition, comprendre les enjeux de la pérennisation de son activité et placer ainsi cet engagement au centre de sa carrière.

Pour imaginer ce programme nous nous sommes donc concentré·es sur les besoins des chorégraphes. Nous avons en effet constaté ces dernières années que de nombreux·ses chorégraphes ressentent le besoin d’être accompagné·es dans la préparation et la mise en œuvre de ces projets, afin de passer sans crainte de l’espace scénique à un nouvel environnement, d’acquérir sereinement les compétences nécessaires au développement de projets à impact social, mais aussi de sortir de l’isolement dans lequel iels se trouvent dans de nombreux cas. 

C’est ainsi qu’est née l’été dernier une première version du programme Impulsion, que nous avons retravaillée au dernier trimestre 2021 avec le groupe d’artistes concerné·es. Ensemble, nous avons précisé les objectifs pédagogiques et artistiques du programme, les intervenant·es à inviter, les partenaires à associer, les publics à adresser et les actions à mener sur le terrain. C’est un mode de travail que nous avons adopté pour toute la suite du programme, où nous continuons à construire les actions collectivement. Cette méthodologie de travail stimule l’intelligence collective, la créativité et l’engagement de toutes les parties prenantes du programme, c’est très enthousiasmant.

Pouvez-vous nous présenter rapidement le programme ?

Le programme a été conçu en réponse aux besoins partagés par les artistes engagé·es sur le terrain dans des actions éducatives et sociales. Nous avons organisé les différentes activités du programme autour de trois axes :

  • Tout d’abord, continuer à développer et ressourcer l’artiste avec la mise en place de sessions de recherche artistique encadrée, de masterclasses, de résidences de création et de rencontres inspirantes avec des artistes engagé·es.
  • Ensuite, donner les moyens à chacun d’expérimenter de nouvelles méthodes dans un cadre adapté. C’est pour cette raison que différents partenariats sont construits avec des acteur·rices du champ éducatif et social.
  • Enfin, créer une dynamique de groupe. C’est dans cette perspective que sont organisés régulièrement des petit-déjeuners thématiques, des temps de partage d’expérience ou encore des sessions de co-développement. Nous avons aussi développé une méthode pour concevoir et mettre en oeuvre le programme d’actions sur le terrain : un brainstorming, un atelier de co-construction, des binômes ou trinômes par typologie d’actions pour préparer l’intervention dans le détail, la réaliser, et en analyser les résultats.

L’ensemble de ces activités a pour objectif de permettre à chacun·e d’acquérir des compétences clés pour dupliquer ces initiatives sur son propre territoire d’ancrage (Occitanie, Grand Est, Île-de-France). Le programme intégrera dans un deuxième temps un accompagnement au développement de ces différents projets.

Quels sont les partenaires culturels, éducatifs et sociaux du programme Impulsion ?

Après plusieurs années de mise en œuvre du « Parcours Danse » dans le quartier politique des Amandiers (Paris 20), Impulsion permet l’élargissement de ce parcours auprès de jeunes en difficulté : des jeunes scolarisé·es en REP, des migrant·es primo-arrivant·es et des jeunes atteint·es de troubles du neuro-développement. Ces jeunes bénéficient d’ateliers de création, de réflexion et d’échange aux côtés des chorégraphes. 

Ainsi sur la première phase du programme, nous prévoyons de mettre en place différents projets de création au sein de chacune des classes de l’école élémentaire des Amandiers (Paris 20) et auprès de jeunes primo-arrivant·es non scolarisé·es dans le cadre du dispositif Passerelle de l’Ecole Normale Sociale (Paris 18) en partenariat avec le Carreau du Temple. Différents ateliers chorégraphiques sont également proposés à une dizaine de jeunes aux troubles du neuro-développement en partenariat avec l’Association Ikigai ainsi qu’à de jeunes femmes primo-arrivantes en collaboration avec l’Association Utopia 56. Une restitution de ces projets est prévue à l’Institut Suédois les 2 et 3 Juillet prochain.

Depuis le démarrage du projet, d’autres projets de création sont également en construction, notamment avec un groupe de jeunes et de malvoyant·es de l’Association Valentin Haüy.

Et justement, Orianne, vous participez également au programme ?

En effet, c’est assez inédit aussi pour moi. Après six années à accompagner les projets de nombreuses équipes artistiques,  j’ai ressenti le besoin de m’engager de nouveau sur le terrain. C’était en effet mon point de départ personnel pour l’aventure de la Fabrique de la Danse : la création artistique et notamment la création artistique avec des jeunes du quartier politique Belleville-Amandiers à Paris. Ainsi, j’interviendrai comme le reste du groupe auprès des différents jeunes accompagné·es par nos partenaires du champ social et éducatif. Impulsion c’est donc aussi un retour aux sources !

Pour La Fabrique de la Danse, c’est aussi une manière de prendre du recul sur notre approche de la création inclusive comme de la construction de programmes à destination des artistes. Cette co-construction permet à chacun·e de se révéler dans toutes ses compétences et ses facettes, indépendamment de sa place habituelle dans l’écosystème chorégraphique. 

Je me réjouis vraiment de cet esprit du “faire ensemble” qui se met en place avec Tess Blanchard, Timothée Bouloy, Jehane Hamm, Cécile Lassonde, Elizabeth Gahl Le Nôtre, Elsa Lyczko, Michaela Meschke, Michel Onomo, Emmanuelle Simon ainsi que du partage généreux des artistes et spécialistes associé·es au projet comme Christine Bastin, Johan Amselem, Bolewa Sabourin, K Goldstein, Aude Michon, Elsa Rose de Chedeville, Gladys Sanchez, Patrick Germain-Thomas.

Un dernier mot ?

Un programme comme celui-ci, et avec de telles ambitions ne peut pas se faire sans l’engagement et la confiance de partenaires, notamment financiers. Donc je profite de cette occasion pour leur adresser toute notre gratitude. Il s’agit de la Caisse des Dépôts, la Fondation Groupe RATP, la Fondation Educlare, la Fondation Berger Levrault, la Fondation BNP Paribas, la Mairie du 20ème arrondissement, ainsi que nos fidèles donateurs. Merci !