Comment se fabrique un spectacle ? Comment appréhender la diversité des écritures chorégraphiques ? Ce sont quelques-unes des questions que nous abordons dans l’Ecole Buissonnière, projet d’éducation artistique et culturelle dans le quartier des Amandiers (Paris 20).

Photo : Emmanuelle Stäuble

L’ambition est de donner à tous les enfants l’occasion de pouvoir approcher des artistes et des œuvres, dans une grande diversité de styles et d’esthétiques, depuis le travail en studio jusqu’au jour du spectacle. L’aventure commence par la rencontre des enfants avec les artistes et leurs œuvres, au sein même de l’école… C’est « l’avant-spectacle ». Chaque rencontre se déroule sous forme d’ateliers à l’école, d’une durée de 1H30 à 2H, où le chorégraphe propose successivement un extrait de son travail chorégraphique, une présentation orale de son parcours et de son métier, des échanges avec les enfants sur ce qu’ils ont vu et entendu, et enfin un moment de pratique où les enfants peuvent danser avec le chorégraphe. “Avec la fermeture des théâtres, il nous semble essentiel de ramener la magie du spectacle vivant dans le quotidien des élèves et de leur offrir une immersion dans le processus de fabrication. C’est une manière de leur rappeler l’importance de ces lieux de culture après une année de privation… Nous avons imaginé un programme adapté aux restrictions sanitaires qui recrée le lien des élèves avec le monde du spectacle et leur permet de se projeter dans une sortie au théâtre.” commente Orianne Vilmer.

“Les chorégraphes viennent partager leur amour du beau, du corps, de l’énergie archaïque, de l’élégance du geste. Ils viennent partager leur joie à se faire clown, enfant, oiseau, insecte… ou à se dire simplement humains de ce monde. Issus de toutes les danses contemporaines, flamenco, hip-hop, théâtre gestuel.. Ils débordent de poésie ! Alors, quoi de mieux que d’aller faire avec eux l’école buissonnière ?”, commente Christine Bastin, directrice artistique de la Fabrique de la Danse, qui a rassemblé une équipe de 11 chorégraphes pour le projet (Pascale Pineda, Odile Gheysens, Vinicius Carvalho, Delphine Jungman, Timothée Bouloy, Amélie Poulain, Fanny Coulm, Cécile Lassonde, Fabrice Mahicka, Michaela Meschke et Michel « Meech » Onomo).

Est-ce qu’un adulte qui danse est la même chose qu’un enfant qui danse ? Le chorégraphe Timothée Bouloy a démarré les ateliers en gommant les années qui séparent les adultes et les enfants, en proposant un solo pour lequel il s’est inspiré de ses souvenirs d’enfance et dans lequel beaucoup d’enfants se reconnaissent. Puis c’est Odile Gheysens, qui leur a demandé « Que fait-on tous les jours pour être heureux? ». On entend comme réponse : »On sourit ! On croit en ses rêves ! On danse ! On respire ! » Et puis, ces mots d’une élève de CE2 à l’attention de la chorégraphe Michaela Meschke, à propos de sa création Walkwoman, : « Je tiens à féliciter Michaela, ça m’a beaucoup ému que vous remontiez le moral des gens dans la rue en les faisant danser, je trouve ça très gentil. » Jehane Hamm, avec son travail sur la colonne vertébrale, leur a montré comment les émotions et états intérieurs se transmettent à travers le corps. Tous ces moments nous sont rapportés par Maureen, qui fait partie de l’équipe de La Fabrique de la Danse et coordonne le projet : “Lors des ateliers, nous abordons des sujets profonds et très actuels tels que la place dans la famille, la culture, les origines, les émotions, la question du genre, les sciences mais avec la légèreté et le lyrisme de la danse. Ils apprennent au travers des univers très différents des chorégraphes, la diversité du monde de la danse et ses sources d’inspiration. Ils sont ravis de pouvoir s’exprimer sur ce qu’ils voient, ce qu’ils ressentent mais aussi sur leur propre histoire et univers.”

Aller à la rencontre de tous les autres métiers associés

En mai, les enfants assisteront aux Soirées des Chorégraphes de La Fabrique de la Danse, à l’auditorium du Carreau du Temple à Paris , les 26 et 29 mai 2021. Chaque classe verra sur scène les chorégraphes et les œuvres qu’elle aura découverts dans l’année, tout en découvrant également le jour même, le travail des autres chorégraphes de la promotion.

La Soirée est aussi un moyen d’aller à la rencontre de tous les autres métiers associés, par une discussion avec les professionnels impliqués dans la réalisation de l’événement : Christine Bastin en qualité de chorégraphe accompagnant les chorégraphes de l’incubateur toute l’année ; l’équipe technico-artistique avec Emmanuelle Stäuble aux lumières et à la photo, et Virginie Kahn à la captation vidéo ; les équipes de La Fabrique de la Danse et du Carreau du Temple, qui travaillent pour assurer le financement de la Soirée, son organisation logistique, la communication, la billetterie, l’accueil des programmateurs et du public…

Le projet L’Ecole Buissonnière a reçu le soutien de la Fondation Groupe RATP, la Caisse des Dépôts, la Fondation Le Conservateur, la Fondation Berger-Levrault, la Fondation Educlare ainsi que l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires.