Rencontre avec Simon Feltz, de la promotion 2019 de l’incubateur.

Simon Feltz

Quel est ton univers chorégraphique ?

Je ne sais pas si je peux définir mon univers chorégraphique mais j’ai la sensation que chaque nouveau projet est un univers en soi, tant les intentions et les motivations sont différentes d’une création à l’autre. Je peux seulement dire, que mon désir de créer né de ce que j’observe, de ce qui me révulse ou qui m’enchante. Cela peut paraître un peu bateau, mais cette dimension cathartique est pour moi nécessaire dans la démarche de création. Je tente toujours de me pencher sur ce qui unie le sujet au monde, ou à autrui, sur sa capacité à croître ou à sombrer, et la forme et la matière chorégraphique, elles, ne jaillissent que dans un second temps.

Peux-tu nous dire quelques mots sur ta création en cours ? 

La création sur laquelle je travaille actuellement, est un solo chorégraphique interprété par Clémence Galliard sur une musique originale de Nosfell. Intitulé Abyme, ce travail tente de questionner notre rapport au corps, vécu dans l’image et l’amenuisement de la profondeur discursive au profit de contenus visuels toujours plus léchés, lissés et parfois complètement factices. Mêlant mouvement et texte, cette pièce est une tentative de contrer ce mouvement globale de marchandisation de « soi » qui mène parfois à une conformité morbide et absurde.

Quels ateliers as-tu prévu avec les danseurs de Danse en Seine ?

Pour ces deux jours d’ateliers, j’aimerais travailler autour de différentes cellules chorégraphiques (des sections de mouvements relativement courtes). Juxtaposées les unes aux autres, ces séquences chorégraphiques seront répétées en boucles et s’effriteront au fur et à mesure afin de ne laisser place qu’à un mouvement unique et répétitif. La structure ainsi créée perdra progressivement en complexité et se réduira à un geste compulsif qui aura avalé tous les autres. Je veux donc créer ces petites phrases chorégraphiques en collaboration avec les danseurs de l’atelier qui seront répartis en différents groupes : les séquences seront les mêmes pour chaque groupe, mais seront assemblées dans un ordre différent en fonction du groupe. Il n’y aura donc pas de grand mouvement d’ensemble mais seulement des instants, ou un même geste qui jaillira du commun. A chaque reprise de la boucle chorégraphique, nous tenterons d’effacer un mouvement par séquence de sorte à ce qu’une uniformisation s’opère de boucle en boucle.

Pourquoi avoir rejoint l’incubateur ?

Après avoir quitté la structure pour laquelle j’avais dansé plusieurs années, j’ai décidé de commencer à créer mon propre travail. J’ai malheureusement fait les choses un peu à l’envers… En voulant me mettre à la création au plus vite, je ne me suis pas posé les questions administratives nécessaires à la structuration d’une compagnie comme les demandes de subventions par exemple. Je suis donc arrivé à un moment où il était essentiel de reprendre les choses dans le bon ordre. Après avoir vu l’appel à candidature pour l’incubateur de chorégraphes, je me suis dit qu’un tel programme me serait d’une aide précieuse et qu’il m’apporterait les connaissances qui me faisaient défaut. Bien m’en a pris puisque je me sens beaucoup moins « largué » face à toutes les démarches à faire aujourd’hui. Mai c’est un passage obligé si l’on veut tenter de développer une activité pérenne et continuer à faire ce qui nous tient à cœur.

Découvrez tous les autres chorégraphes de la promo 2019 !