Fin novembre, intervenants et spectateurs ont bravé le froid pour se rendre à la conférence “Breakdance et JO 2024 : un bon match ?” organisée par La Fabrique de la Danse dans le cadre du Festival Kalypso (CCN de Créteil), en partenariat avec la résidence Créatis. Retour sur cette table-ronde.

Photo : Benoîte Fanton

Suite à une annonce du COJO (Comité d’Organisation des Jeux Olympiques) le breakdance fait partie des sports additionnels en lice pour intégrer le programme des Jeux Olympiques de Paris, en 2024. La décision sera officiellement prise en décembre 2020.

Afin de mieux comprendre les enjeux liés à la possible entrée de cette discipline aux JO 2024, La Fabrique de la Danse a eu l’immense plaisir d’avoir pour intervenants lors de cette conférence, Riyad Fghani, directeur artistique du Pockemon Crew, Valentine Nagata Ramos, chorégraphe de la Cie UZUMAKI et Vincent Gaugain, directeur du centre de la danse GPS&O. Danseurs hip-hop, curieux et acteurs de la vie culturelle ont répondu présents à ce rendez-vous à la fois sportif et artistique et ont écouté avec attention les témoignages des intervenants.

Avant toute chose, les trois intervenants se sont confiés sur la raison pour laquelle ils se sont tournés vers le breakdance, ce qui les a séduit dans cette discipline. La sensation d’appartenir à une nouvelle famille, de se construire en tant que personne et de cultiver des valeurs propres au breakdance ont été les premières raisons. Ensuite, l’aspect spectaculaire de cette danse, son caractère explosif a aussi été un moteur pour les intervenants. C’est ce qui a notamment troublé Riyad Fghani, lorsque, plus jeune, il a aperçu des danseurs de breakdance, et dit avoir “pris une claque”. Suite à cette rencontre, il a décidé qu’il souhaitait explorer cette danse.

Néanmoins, les avis étaient critiques lorsqu’il a été question de la réaction suscitée par l’annonce de la possible entrée du breakdance aux JO 2024. Pas de liesse collective, mais des professionnels aux avis mitigés.

Les B-boys et les B-girls : des « arthlètes » ?

Les doutes sur cette décision ont concerné tout d’abord l’essence de cette discipline : elle est née dans la rue, et est en constante évolution. Les intervenants étaient en accord sur le fait que les JO seraient, de manière évidente, une forme de reconnaissance de la discipline mais leurs doutes concernaient notamment les critères de notation et les juges lors des JO 2024. Ils craignent que cette entrée aux Jeux Olympiques dénature le breakdance, qui ne connaît initialement pas de carcans.

Photo : Benoîte Fanton

L’une des questions soulevées lors de cette conférence concernait la définition du breakdance : est-ce une danse, un sport ou les deux ? Les avis étaient partagés. Valentine Nagata Ramos considère que cette danse doit être libre. En faisant d’elle un sport, elle risque de perdre son essence. Vincent Gaugain, considérant que les B-Boys et les B-Girls sont à la fois des artistiques et des athlètes, utilise le néologisme “arthlètes” pour les qualifier.

Les critères de notations lors des compétitions qui existent déjà comme au BOTY (Battle Of The Year) ont ensuite été abordées. Les juges sont des danseurs qui notent par rapport à leur instinct, leur ressenti grâce à des couleurs ou à des grilles de 1 à 10. Mais ce “sacre” du breakdance pourrait également entraîner une nouvelle organisation de la discipline. Auparavant le système n’était pas officiel, l’entrée du breakdance aux JO 2024 engendrerait l’apparition d’une fédération. Les danseurs sélectionnés ne représenteraient plus des “crew” mais leur pays. Leur préparation évoluerait dans la mesure où ils bénéficieront d’un suivi médical de sportifs de haut niveau. Leur prise en charge médicale s’améliorerait nettement.

Ainsi en définitive, cette possible entrée du Breakdance au JO 2024 lui apporterait une forme de reconnaissance, une structure officielle et des soutiens financiers, néanmoins, il ne faudrait pas que la discipline en soit dénaturée (notamment par le système de notation). Le COJO devra conserver l’exception du breakdance qui est à la fois sport et art.

Comment se passera la possible rencontre entre les JO 2024 et le breakdance ? Stay tuned !

Et pour réécouter la table-ronde en intégral c’est juste en-dessous !