Nous continuons à découvrir les différents chorégraphes de la promotion 2017 de l’incubateur. Aujourd’hui, Lucile Rimbert !

lucile

Photo : Axelle Manfrini

Quel est ton univers chorégraphique ? 

J’ai la passion de l’intime, de la fragilité, de la sensualité. Je m’attache au lien entre corps et langage et fonde ici mon écriture sur le souffle. L’attention est-elle portée sur un geste de la main, un souffle sur la peau, un regard partagé? L’éventail des possibles dans le contact physique est à développer dans chaque création : contact tactile, visuel, olfactif, gustatif, par le souffle… Je souhaite écrire des spectacles vivants et sensoriels. Un autre axe que je développe dans mon travail est celui du point du vue. A travers la mise en espace et le rapport au lieu, il s’agit de créer des mises en perspectives, de jouer du focus donné à voir.
Ma pratique d’interprète et de chorégraphe dans l’espace public oscille entre danse-théâtre, entresorts, performances et arts du cirque. Ma compagnie lu² développe des créations dont la danse est le cœur et le moteur d’une collaboration avec d’autres disciplines rassemblées par le désir d’intervenir dans « l’espace public ». Ses propositions sont pensées pour des lieux de rencontres «physiques» (voiture avec La Nuit a son existence, débit de boisson avec En Vie) ou accessibles à chacun (radio, internet) tous rassemblés sous le terme de lieux publics. Chaque création est pensée en fonction de la relation au spectateur. L’univers de la compagnie aboutit à des propositions intimes, sensuelles et souvent à des formes à jauges réduites dites «entresorts».
Si vous êtes curieux, vous pouvez faire un tour sur le site de la compagnie et sur notre page Facebook.

Peux-tu nous parler de ta création en cours ? 

En Vie est un spectacle qui mélange danse et théâtre dans un bar, un café, un bistrot. En Vie, c’est une création éthico-éthylico-érotique et aussi le nom de ce bar éphémère ré-inventé le temps d’un verre, le temps du spectacle.
« L’art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art. » a dit Robert Filiou.  Alors installons nous à mi-chemin entre l’art et la vie, entre poésie et société. Entrons dans ce café renommé « En Vie », dans cet espace ouvert au dialogue entre la parole et l’alcool, entre les corps et les esprits.
En se rendant dans le débit de boisson, le spectateur ne sait pas ce qu’il attend ni ce qu’on attend de lui. Une partie des clients est déjà là, public convoqué et non-convoqué se mélangent. En Vie infiltre un bistrot pour y insuffler des propositions poétiques qui nous arrivent de tout côté : par les commandes de menus, par les personnages, par la scénographie. En complicité avec l’équipe de restauration, ce spectacle de danse-théâtre ré-invente et questionne par des propositions intimes notre rapport à la servitude volontaire, à la sociabilité, à la consommation, à l’ivresse, à l’Autre.
Pour vous donner un exemple pour la scénographie, En Vie infiltre visuellement un débit de boisson en glissant des signes textuels poétiques sur divers éléments liés à la restauration. Carnets de commande, verres, ardoises sont alors transformés. Par exemple, les parapluies de cocktails sont métamorphosés en pancarte miniature de manifestation. En écho à la situation politique et aux enjeux dramaturgiques de la création, ces éléments de décors visent à amener le(a) spectateur(trice) à « ouvrir les yeux ». Ces traces poétiques peuvent aussi apparaître comme les souvenirs laissés par des clients d’un autre jour.
Les dates de premières d’En Vie, création éthico-éthylico-érotique, sont prévues à la Bellevilloise les 19 et 20 avril 2017. Ensuite, vous pourrez découvrir En Vie le samedi 22 avril dans le cadre du festival Aux Alentours – Etoile du Nord (Paris18è) ou encore à la Bobine à Grenoble. Et bien évidemment ne ratez pas le 11 mai au Carreau du Temple avec l’incubateur de chorégraphes La Fabrique de la Danse !

As-tu des dates prochainement ? 

J’ai récemment joué La Nuit a son existence dans le cadre de Play Mobile#2.1 au Théâtre de Châtillon [NDLR : en savoir plus ici], ainsi que pour les 10 ans de la Bellevilloise, où j’ai joué l’entresort téléphonique « Au Parleur ». Ce mois-ci, lu² est en résidence de création à Animakt (Saulx-les-Chartreux) pour En Vie. Pour les curieux, une présentation de travail a lieu jeudi 10 novembre !
Enfin, avec la compagnie LABS, je participe à l’édition 2016 de Danse en Chantier avec la création « Le spectacle de la réalité capable d’expliquer par lui-même le réel dans le spectacle ». Vous êtes les bienvenus !

Pourquoi avoir postulé à l’incubateur de La Fabrique de la Danse ? Qu’attends-tu de ce programme d’accompagnement ? 

L’incubateur m’intéresse tout particulièrement pour éviter l’isolement en tant que directrice d’une jeune compagnie dotée de belles promesses mais encore très fragile économiquement. Partager nos expériences et dialoguer dessus est vertueux pour se structurer. Je recherche une saine émulation collective et non un cadre solitaire. Je cherche aussi l’opportunité de mûrir ma gestion d’équipe tant sur les étapes de création artistique que sur la structuration administrative. De plus, je me retrouve sur les questions d’éthique et de démarche solidaire communes portées par la Fabrique de la Danse et tout particulièrement sur les questions des publics dits «éloignés» des pratiques artistiques.
Cette année promet de belles rencontres, de belles surprises et surtout de beaux projets artistiques grâce à vos regards bienveillants. Et depuis notre rencontre, quel plaisir à partager cette année avec vous!

En savoir plus :
Le site de la compagnie
– Les chorégraphes de la promotion 2017